Il y a quelques temps j'avais écrit un article « Qu'est-ce que le dieselpunk ? », et bien la réponse est dans DIESEL CITY ! Ce beau livre de Stefan, un artiste digital français que je vous ai déjà présenté et que j'ai eu le privilège d'interviewer, est en effet à mon sens la parfaite illustration de cet univers imaginaire, futur fantasmé d'un certain passé. Non content de proposer de très belles illustrations, Stefan nous offre un conte introspectif de DIESEL CITY et nous fait découvrir la ville, jouant avec les mots comme il le fait avec les images. Ses mots et ses images créent une ville et un monde, né des fantasmes, rêves et cauchemars des années 20 à 50.
Et comme si cela ne suffisait pas, ce monde bénéficie d'une chanson originale crée spécialement pour lui, Boulevard of asphalt dreams, composé et chantée par Philip Marlow qui à trouvé l'exacte ambiance sonore qui s'accorde parfaitement avec son ambiance Noir, rétro et moderne à la fois. Les paroles sont du poëte irlandais William Butler Yeats.
Poucher le buton pour vous balader en musique dans les dédales de cette ville.
Pourrait-on voir dans les mouvements Steampunk et Dieselpunk un nouveau mouvement néo-romantique qui, face aux nanotechnologies, réseaux sans-fils, écrans tactiles, et au tout plastique, rend poétique et beaux les engins gigantesques, le métal dur et froid, les titanesques rouages de l'industrie et les mégalopoles tentaculaires. Les détectives des romans et films noirs sont-ils les chevaliers du Dieselpunk ? les combats des démocraties contre des dictatures primaires ne seraient-il pas ceux des dieux contre les titans ou géants ?
Conjuguons tout cela au futur antérieur. Les mythiques pégases sont devenus des engins volants, trains à hélice et autres étrangetés. Toutes ces créatures mythologiques, chimères improbables, mélanges de plusieurs animaux.... ne se retrouvent ils pas dans ces engins hybrides mi-terrestres mi-aériens ? Les titanesques dragons ne sont-ils pas devenus des dirigeables gigantesques qui obscurcissent des cieux déjà bien enfumés. DIESEL CITY est elle l'Asgard ou l'Avalon de cette nouvelle mythologie rétro-futuriste ? A chacun de voir selon son inspiration.
En parlant d'inspiration, Stefan à saisi la substantielle essence d'une époque, l'a retranscrit, l'a sublimé telle qu'elle aurait pu être si, la crise, la guerre, la conscience écologique, la réalité tout simplement n'avaient limité son essor. On peut aussi partir du postulat que le monde Dieselpunk est dans une ligne historico-chronologique le futur du Steampunk. Quelle est donc cette essence, ou plus à propos ce diesel, que l'on retrouve dans cet ouvrage et qui compose ce parfum qui sent bon le pétrole ?
Comme j'aime bien les listes et énumérations en voici un aperçu que j'ai essayé d'illustrer avec quelques échantillons d'image tirés de l'ouvrage.
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L'ambiance films ou romans noir, détectives, femmes fatales, gangsters, jazz, bas-fonds et prohibition,
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l'art déco sous ses multiples formes : architecturales et design,
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les affiches publicitaires de l'époque, d'inspiration française ou américaine,
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la démesure et la menace d'un futur déshumanisé par les dictatures qu'elles soient fascistes, franquistes, nazies ou staliniennes et qui ont lourdement marqué l'époque
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les pulps américains ou les romans-feuilletons français et ses (presque super) héros.
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les dirigeables, symboles grandeur nature aussi bien du Steampunk que du Dieselpunk.
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Metropolis de Fritz Lang, Gotham city, mais aussi New-york ou Chicago
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celle que l'on accuse de tous les maux aujourd'hui mais qui à l'époque était le symbole de liberté de mouvement et de conquête du monde, l'automobile qui s'affranchit même parfois de la pesanteur pour conquérir les cieux
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plus largement, tout ce qui construit par l'homme vole, roule, flotte et se déplace bruyament
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Machines, engins, usines, rouages, haut fourneaux, l'industrie symbole d'un « certain » progrès
...Et bien sur toute l'iconographie futuriste de cette époque,
Je suis sûr qu'il y en à d'autres, mais la place dans ce petit espace virtuel est limitée.
Une petite citation tirée de l'ouvrage, elle même proverbe des indiens d'Amérique, « Lorsque le dernier arbre aura été abattu, lorsque la dernière rivière aura été empoisonnée, lorsque le dernier poisson aura été pêché, alors seulement vous découvrirez que l'argent ne se mange pas ». Loin d'être l'apologie d'une société technologique et industrielle débridée, DIESEL CITY est pour moi une excellente mise en évidence que nature et humanité (au sens noble) doivent être préservées !
Un dernier mot, à l'heure où l'on nous parle à tort ou à raison du « consommer français », il faut souligner que c'est de France que vient cet ouvrage qui aborde un thème et un univers underground qui a davantage ses marques aux Etats-unis. C'est un peu comme si un ouvrage de référence sur la gastronomie française avait été écrit par un américain, non ? En tout, cas l'ouvrage existe aussi en version english et fait l'objet d'une double préface de deux références du genre outre atlantique Tome Wilson et Nick Ottens.
Je vous invite à découvrir le site de DIESEL CITY ou vous pourrez prolonger le voyage imaginaire. L'ouvrage est en vente directement sur ce site, mais aussi chez à la Fnac, chez les Amazon etc...
Bon voyage dans le futur du passé.....