Que serait l’électro ou la new-wave sans certains de ses illustres inspirateurs ou précurseurs ? La question serait même : seraient-elles ? Ou, eut-elles été ?, mais la on va verser dans l’uchronie et cela deviendra très compliqué. De façon assez consensuelle la majorité des gens vont citer KRAFTWERK, BOWIE, JOY DIVISION voire ROXY MUSIC, en fait c’est beaucoup plus complexe et il faut aussi entre autres prendre en compte le PUNK et la lassitude des jeunes fin 70’s début 80’s vis à vis d'un rock à papa et d’un disco ringardisé.
En plus, new-wave et électro c’est déjà très vaste et large comme spectre musical et varie selon les académiciens des musiques actuelles s’étant penchés sur la question. Comme ici, sur mon blog, j’ai le droit d'écrire tout ce que je veux, même des conneries, mon spectre est large et va du post-punk, dark et underground au synth-pop édulcoré et commercial avec comme borne ultime... KAJAGOOGOO ! (et j’emmerde Christophe Bourseiller au passage). Tout cela pour dire que dans cette complexe équation à multiples variables malléables GARY NUMAN est un des éléments premiers, mais, nous sommes en France et ce monsieur ne représentera surement rien pour la majorité des gens.
Faisons un peu d'histoire, jusqu'à la fin des 70's rock et disco règnent en maitre outre manche, de ce côté ci c'est la variété qui monopolise les ondes et là, boum le punk, et puis reboom les synthés dans leur face. C'est en 1979 qu'un certain GARY NUMAN prend d'assaut la première place des charts anglais avec ARE FRIENDS ELECTRICS et CARS. Si il n'a pas inventé la musique électronique, il est le premier à ouvrir les portes de charts pour la déferlante, qui va suivre. Et oui, on peu faire du rock avec les guitares derrière les synthés et avec des cheveux courts. Hérésie ! Brulez ce suppôt de Satan ! c’est la fin du monde.... diront les puristes "rockers à poils" comme avaient du s'exclamer les moines copistes en découvrant l'imprimerie de Gutenberg. Je vois sur wikipedia qu'en 1979 les morceaux sus-cités se sont classé n° 1 en France ! J’ai du mal à y croire si j'en juge par le paysage musical français de l'époque, en tout cas moi j'écoutai KAREN CHERYLL. Mais en 1981 (on grandit vite en 3 ans) je découvre grâce aux radios libres et pirates (merci Tonton) un morceau qui sort de l'ordinaire, ce n'est pas un single, mais un morceau extrait de son premier album c'est ME I DISCONNECT FROM YOU, mon premier NUMAN.
Parlons un peu de la carrière de Mr NUMAN quand même... Vous pouvez simultanément, comme moi en rédigeant cet article écouter l'émission spéciale qui lui est consacrée sur SOLEIL NOIR puis aller flâner du côté de chez NEW-WAVE-LAND, l'encyclopédie de la new-wave. Pour commencer on ne peut que constater qu'il à été plutôt prolixe, plus de vingt albums de 1978 à aujourd'hui (dont un en duo avec BILL SHARPE et deux au sein de TUBEWAY ARMY). Voici piquée sur wikipedia son imposante discographie
Tubeway Army (1978) (with Tubeway Army)
Replicas (1979) (with Tubeway Army)
The Pleasure Principle (1979)
Telekon (1980)
Dance (1981)
I, Assassin (1982)
Warriors (1983)
Berserker (1984)
The Fury (1985)
Strange Charm (1986)
Metal Rhythm (1988) (New Anger in the United States)
Automatic (1989) (With Bill Sharpe)
Outland (1991)
Machine + Soul (1992)
Sacrifice (1994) (Dawn in the US)
Exile (1997)
Pure (2000)
Hybrid (2003)
Jagged (2006)
Dead Son Rising (2011)
Splinter (Songs From A Broken Mind) (2013)
Bien évidement étant grand fan de JAPAN je ne peux passer sous silence la collaboration de deux de ses membres, ROB DEAN et le regretté MICK “god of bass” KARN sur son album de 1981, DANSE.
Et un petit extrait musical : MUSIC FOR CHAMELEONS extrait de I ASSASIN en 1982 un de mes préférés sans doute parce qu'il sonne tellement comme du JAPAN.
Après avoir cartonné dans les charts et avoir été pionnier d'un genre qui allait marquer le début des années 80 de son empreinte, le succès commercial décline peu à peu concurrencé par les jeunes pousses que sont par exemple HUMAN LEAGUE (mark 2) , DURAN DURAN, SOFT CELL, DEPECHE MODE etc...
Précurseur du genre, il est donc logique qu'il soit vers la fin des 80's dans les premier touchés par la lassitude du public vis à vis des groupes « à synthés », le renouvellement de génération des ados ( qui lui avait été profitable a ses début ) et, il faut le dire, un manque d'inspiration créative qui touche les nombreux groupes du mouvement new-wave.
GARY NUMAN possède plusieurs marques de fabrique, et dans la musique, et dans la posture. Sa musique peut être qualifiée de froide, synthétique, sombre, pour autant cela ne veut pas dire dénuée d'émotions car je ne serai pas là en train d'écrire cet article si c'était le cas.
Côté posture, NUMAN, à l'instar de BOWIE s'est souvent créé pour chacun de ses albums un look différent et théâtral : de l'androïde à l'extra-terrestre, du détective de polar au néo-Mad Max par exemple. La science fiction et le futurisme sont souvent inscrits en filigranes dans ses créations musicales ou scéniques. D'ailleurs le titre et le thème de son deuxième album REPLICAS me fait sans équivoque penser aux répliquants du roman PHILIP K DICK : LES ANDROIDES REVENT-ILS DE MOUTONS ELECTRIQUES (adapté au ciné sous le nom de BLADE RUNNER).
Outre manche NUMAN n'a pas fait parler de lui que par sa musique, à l'instar de notre SARDOU national, ses prises de positions sociétales ou politiques, son aspect « sec », son caractère plutôt bougone et distant , son sourire … ou plutôt son non-sourire ont façonné un personnage souvent « controversé », mais comme disaient les inconnus « celaaaa ne nous reuugardeeuuu pas ».
Avant d'en venir à l'actualité il est indispensable de faire un petit passage éclair par la rencontre intergénérationnelle orchestrée par la BBC à savoir la mini séance live avec LITTLE BOOTS.
2013, pratiquement tous les artistes fers de lance du mouvement new-wave/synthpop du début des 80's ont retrouvé un regain de créativité musicale salutaire pour eux et pour le public. GARY NUMAN n'est pas en reste. son nouvel album SPLINTER (SONGS FROM A BROKEN MIND) renoue avec ce qui à fait sa particularité.une ambiance électrique saturée et un son de synthés puissants qui feraient passer certains riffs de métaleux pour de la pop. Côté feelings on est loin du joyful pop sans être dans le dark dépressif. L'ambiance est urbaine et futuriste, spatiale même mais plutôt Nostromo que 2001 l'odyssée de l'espace. Industrielle (indus pour les intimes) diront certains, la musique de NUMAN ne manque jamais de mélodie et d'arrangements, matières premières sur laquelle il travaille les sons qui restituront une chanson à l'ambiance particulière sans être un essayage expérimental écoutable uniquement par les habitants de Vulcain.
Track list de l'album :
1. "I Am Dust"
2. "Here In The Black"
3. "Everything Comes Down To This"
4. "The Calling"
5. "Splinter"
6. "Lost"
7. "Love Hurt Bleed"
8. "A Shadow Falls On Me"
9. "Where I Can Never Be"
10. "We're The Unforgiven"
11. "Who Are You"
12. "My Last Day"
Comme tous les plus beaux discours du monde ne valent pas un bon clip sur youtube ( j'déconne....), voici le premier morceau extrait LOVE HURT BLEED. Côté visuel je trouve ça plutôt «léger » surtout quand on compare avec celui qui illustrait le morceau THE FALL extrait de son précédent album qui était un condensé d'effets spéciaux et visuels en 4,21mn. En tous cas ce clip confirme son nouveau look que je qualifierai de Mister HYDEsque.
L'album ouvre sur le puissant et heavy-synth IAM DUST et se cloture sur le calme et introspectif MY LAST DAY. « Je suis poussière » et « mon dernier jour », je ne vais pas traduire toute ses chansons mais voilà qui positionne l'ambiance du LP. Sombre, vous avez dit dark tient comme c'est gothic ! Bon enfin sans être tout à fait gothique c'est loin du dernier PAUL MC CARTNEY. Il est important de noter pour appréhender l'ambiance musicale de l'album que ROBIN FINCK des NINE INCH NAILS et ayant joué avec.... GUNS N' ROSES ! joue de la guitare sur quatre des morceaux. L'album s'équilibre entre 5 chansons plutôt calmes tendance balade, et 7 chansons plutôt énergiques. Ma chanson préférée de l'album est SPLINTER qui est selon moi le morceau le plus profond et qui intègre une petite touche d'orientalisme qui lui va très bien, viens en suite EVERYTHING COMES DOWN TO THIS avec son ambiance martiale et héroïque puis le reposant MY LAST DAY. Extraits pour le plaisir.
Cet album devrait ravir les nombreux fans de DEPECHE MODE que compte l'hexagone, je dirai même que certains y trouveront peut-être ce qu'ils n'ont pas trouvé dans le dernier album des gars de Basildon. Encore faut-il que cette musique arrive jusqu'à leurs oreilles, car contrairement a DEPECHE MODE qui bénéficie d'une couverture médiatique très grand public, on ne peut pas en dire autant du reste des artistes electro/new-wave/synthpop qui restent dans ce pays under l'underground. Tiens en parlant de notre pays et de ses groupes jeunes, electro et under the ground pourquoi n'iriez vous pas découvrir ENGINES OF MALICE qui à sorti un EP il y à quelques temps, si vous aimez NUMAN, vous apprécierez, j'en suis sur.